Kee-Tea Rha

Kee-Tea Rha  |  Céramiste 

Kee-Tea Rha part d’un concept. Cela reste longtemps flou dans son esprit. Il sait qu’il « tient un fil », mais peine encore à l’énoncer. L’image saisie, capturée au hasard de ses déplacements, en reste le vecteur. Il se sait alors avoir été le témoin occasionnel d’un flash spatio-temporel qui peut diversement prendre la forme d’une superposition impressionniste et équilibriste d’images et de reflets d’images, comme, tout au contraire, d’une vacance suspecte et pesante, d’un hiatus malaisant entre figuration et fonction. Il scrute cette image, la décortique, se laisse envahir par ce qu’elle lui apprend de la société et de ses dysfonctionnements. Dès lors qu’il en identifie les arcanes, il s’empare de ses médiums de prédilection, la peinture à l’huile et l’argile. Très souvent ces trois pôles (céramique, peinture et photographie) sont réquisitionnés dans ses installations de moins en moins matérielles, de moins en moins équilibrées. Le souci encore récent des contrepoints élégants est aujourd’hui remplacé par une orchestration du vide, par une dramaturgie articulée autour du sentiment de rupture. Rupture des vies, des espaces, du temps, du rythme, des fonctions… La photographie témoigne d’un état de fait quand les oeuvres peintes, modelées ou moulées, elles, font arguments contradictoires. S’ensuit un dialogue pesant, quasi muet, et un silence asphyxiant. Kee-Tea Rha excelle dans cette capacité à définir la fixité d’une scène et à jeter un regard cru sur la frénésie absurde de nos sociétés et l’obsolescence du faire, sans jamais rien céder aux exigences d’une esthétique envoûtante.