Laurent Esquerré

Laurent Esquerré | Sculpteur | laurentesquerre.com

Votre univers est infiniment peuplé. Un univers peuplé d’êtres extraordinaires, hybrides et élégants et dont les racines seraient à trouver dans la culture populaire. (…) Votre manière est incontestablement baroque et spectaculairement expressive. Tout, dans votre art, est surgissant et éruptif, romantique et héroïque. La création pour vous, n’est pas un vain mot, elle vous porte, haut et fort. Vous êtes dans le mouvement. Dessins, peintures et sculptures jouent le même air et se répondent. Vous êtes baroque mais aussi installateur. La vidéo peut participer de cette tonitruance. Rien dans ceci ne vous paraît paradoxal. Côté matériaux, vous n’êtes ni exclusif, ni hiérarchique. Le bois, la terre, la cire, le grillage à poules et les feuilles d’aluminium servent également votre propos. Le geste est vif, enlevé. Vous traitez la terre en tailleur. Vous ôtez la matière plus que vous ne l’ajoutez, à coups de machette. Votre terre d’élection est très grasse, plastique et malléable.  Vous dites sculpter, entailler, accidenter, bousculer jusqu’à ses limites, l’argile fraiche et molle. L’exaltation et le plaisir sont au rendez-vous. Vous voyez la sculpture en grand et si possible sous la forme d’un monobloc pouvant atteindre les deux ou trois mètres de haut. (…) La couleur a, chez vous, aussi ses codes. La couleur et la forme naissent d’une nécessité identique et sont indissociables. Vous recherchez vos nuances dans l’histoire de la sculpture et de la peinture. Jamais, toutefois, l’âme en terre ne se retrouve intégralement recouverte par l’émail. Les battements de la terre rouge doivent rester perceptibles. « Modelé puissant, beauté trouble parcourue d’un frisson de terrible, étreintes sensuelles… », écrit Julie Marzat à votre sujet, « nous plongent dans les mailles d’un baroque nouveau », à situer quelque part entre l’extravagante incandescence populaire d’un Fellini et un fantastique à redéfinir toujours.

Stéphanie Le Follic-Hadida 
Extrait du catalogue Idem, Biennale de Châteauroux 2017)

Laurent Esquerré